Bonjour ! Je m’appelle Janice Goodfellow, ergothérapeute pédiatrique et mère de 4 grands enfants. Je suis aussi une passionnée de la natation et du chant choral! J’adore le domaine de l’ergothérapie, qui combine une connaissance du corps humain, la capacité à analyser les habiletés nécessaires afin de faire une activité, en plus d’utiliser la créativité et le savoir-faire afin de trouver comment un individu peut développer la capacité à faire une activité qui lui est significative, quand ceci lui est difficile. J’adore travailler avec les enfants et leurs familles afin de les aider à surmonter les défis avec les activités quotidiennes comme les soins personnels, le jeu et la participation à l’école ou dans les activités sportives et culturelles – que ça soit relié à une difficulté motrice, sensorielle, cognitive ou émotive.  Chaque enfant est unique et fascinant!  Ayant élevé quatre enfants très différents les uns des autres et ayant expérimenté être parent d’un bébé prématuré, 4 césariennes et ayant eu des enfants avec des difficultés variées comme le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité, le trouble d’anxiété généralisée, des difficultés sensorielles et des défis concernant le sommeil, ceci me donne de l’expérience de valeur inestimable qui m’aide à mieux comprendre chaque enfant et famille.

Par le moyen d’une série d’articles courts, je présenterai les scénarios que je rencontre le plus souvent dans mon travail, je vous dirai comment savoir si votre enfant a besoin d’aide et je partagerai quel est le rôle de l’ergothérapeute vis-à-vis un défi qui pourrait affecter votre enfant.

À la découverte de l’alimentation !

Nous avons tous entendu parler de ces enfants qui sont des mangeurs sélectifs et peut-être même que nous en avons dans notre famille !  Les réactions des parents varient, entre penser que l’enfant est gâté et nous manipule, s’inquiéter qu’il ne mangent pas assez pour maintenir sa santé,  offrir seulement les aliments préférés de l’enfant, ou un peu de tout ceci en même temps!  Et il est certain que les amis et la parenté auront tous des avis aussi.

Premièrement, soyez assuré qu’il est normal que les enfants aient des préférences, des choses qu’ils aiment et n’aiment pas.  Je suis certaine que nous pouvons tous nommer des aliments que nous n’aimons pas manger nous-mêmes.  Personnellement, je n’aime vraiment pas les champignons.  Leur goût n’est déjà pas très intéressant, mais en plus il y’a la texture un peu caoutchouteuse lorsqu’on les mâche.  Juste y penser me donne un frisson. Cependant, pour la plupart entre nous, nous préférences ne nuisent pas à nos repas et nous n’empêchent pas de profiter d’un régime alimentaire équilibré.

Chez les enfants, il est normal qu’ils aiment une gamme plus restreinte d’aliments que les adultes. Les enfants aiment les choses prévisibles et il est commun de présenter un nouvel aliment jusqu’à 20 fois avant que l’enfant veuille l’essayer. Leur sens du goût est différent de celui d’un adulte et ils peuvent percevoir certains légumes, comme le brocoli et les épinards comme étant plus amer, ce qui change lorsqu’ils vieillissent.  Vers l’âge de 2 ans, les jeunes enfants ont un intérêt diminué envers la nourriture en partie parce que leur rythme de croissance diminue de façon dramatique comparé aux 2 premières années de leur vie.  Ils n’ont juste pas autant faim!  Ils sont aussi plus intéressés par leur environnement qu’avant et plusieurs bambins considèrent que chaque moment passé assis à la table est du temps qui les empêche de jouer et d’explorer.  Si on ajoute à ceci le fait que les rhumes, les grippes et la dentition peuvent réduire l’appétit, il n’est pas surprenant que nos tout petits ne mangent pas toujours avec grand appétit!  Cependant, à moins que votre enfant ne mange moins que 30 variétés de nourriture, ceci est considéré normal qu’ils aiment moins de types de nourriture que les adultes. Si votre enfant mange des aliments venant d’une variété de groupes alimentaires et grandit à la satisfaction de son pédiatre, vous pouvez prendre une grande respiration et vous détendre!

Une des raisons principales pour laquelle les enfants sont des mangeurs difficiles est due à une sensibilité aux textures, aux goûts et à l’odeur des aliments. Souvent ceci est associé à une sensibilité dans une autre sphère aussi (j’en dirai plus long sur ceci dans un blogue futur). Est-ce que votre enfant est sensible aux stimuli tactiles ( la texture de son linge, n’aime pas se faire brosser les cheveux), stimuli auditifs (plus sensible au bruit que la moyenne) ou aux stimuli visuels (trouve que la lumière est trop intense) ? Est-ce que votre enfant est plus irritable que les autres de son âge, ou plus difficile à calmer ? Souvent ces enfants ont aussi une hyper réactivité orale ou le sens de l’odorat ou du goût plus sensible que les autres.  Lors des repas, ils choisiront certaines textures et en éviteront d’autres et préféreront certains goûts et auront une aversion à d’autres.  Certains enfants peuvent être hypo réactifs aux stimuli sensoriels et seront moins intéressés par la nourriture, ou ils auront une préférence pour des aliments très épicés ou très sucrés ou encore ils rempliront leur bouche très pleine afin d’augmenter la sensation.

Quels sont les signes d’une hyper réactivité orale ?

  • Un enfant qui est difficile au niveau de l’alimentation, refusant des nourritures à cause de leur texture, goût, température ou odeur.
  • Un enfant qui accepte difficilement de nouveaux aliments.
  • Un enfant qui n’accepte pas des nourritures qui sont mélangées (casseroles, ragoûts, ne veut pas que les aliments différents se touchent).
  • Un enfant qui a un ‘’haut-le-cœur’’ fréquemment en mangeant.
  • Un enfant qui refuse de se faire brosser les dents, de se faire toucher au niveau de la bouche et de se faire laver le visage.

Quels sont les signes d’une hypo réactivité orale ?

  • Un enfant qui préfère des aliments qui sont intenses en ce qui concerne le goût (très, sucré ou très épicé), la température (très froid) or la texture (préfère les choses croustillantes).
  • Un enfant qui prend de grandes bouchées, rapidement ou qui remplit sa bouche et qui ne remarque peut-être pas quand il n’a plus faim.
  • Un enfant qui explore les objets avec sa bouche passé l’âge de 18 mois.

Une autre cause des difficultés d’alimentation chez les enfants, et apparente à un plus jeune âge, est une difficulté en ce qui concerne la coordination oral-motrice, autrement dit, la coordination de la déglutition et de la respiration, ainsi que les mouvements de la langue, des lèvres et de la mâchoire. Ces difficultés sont souvent remarquées plus tôt et ont plus d’impact, donc l’intervention est plus tôt.  Par contre, parfois certaines de ces difficultés sont plus légères et peuvent être associées à des difficultés de coordination reliées au langage.  Un enfant qui a de la difficulté à bouger la nourriture dans leur bouche due à une mobilité de la langue, des lèvres ou des joues qui pourrait être déficiente préférera des textures plus faciles (liquides, purées, des aliments plus mous et faciles à avaler). Boire d’un verre et utiliser une paille peut être un défi pour ces enfants.

Voici quelques signes de difficultés avec la coordination oral-motrice en ce qui concerne l’alimentation :

  • Un enfant qui a de la difficulté avec l’allaitement.
  • Un enfant qui est plus fatigué que la moyenne après un boire ou qui se fatigue avant d’avoir fini.
  • Un enfant qui a plus de difficulté que les autres de son âge avec les transitions de l’allaitement à boire au biberon, des transitions de l’allaitement ou du biberon aux purées, et des purées aux aliments solides.
  • Un enfant qui pousse la nourriture à l’extérieur de sa bouche avec sa langue.
  • Un enfant qui a de la difficulté avec la mastication.
  • Un enfant qui salive excessivement, ou passé l’âge de 3 ans.
  • Un enfant qui s’étouffe souvent, ou qui a des changements en ce qui concerne sa voix après avoir mangé.

Il y a d’autres raisons pour lesquelles un enfant peut avoir de la difficulté lors de l’alimentation, par exemple le reflux gastrique, les phobies liées à l’alimentation, des allergies alimentaires, ou une condition médicale sous-jacente.

Comment sait-on quand rechercher de l’aide?

Si vous avez des soucis ou des questionnements, vous pouvez commencer en consultant le pédiatre de votre enfant ou votre médecin de famille, qui peut évaluer si vous enfant reçoit l’apport nutritionnel dont il a besoin.  Votre médecin peut aussi évaluer votre besoin pour plus d’information ou de réassurance, ou bien le besoin de référer votre enfant en ergothérapie pour une évaluation en alimentation.  Vous pouvez aussi prendre rendez-vous avec une ergothérapeute dans le secteur privé sur votre initiative sans problème et sans référence du médecin.  Si vous vous préoccupez que votre enfant ne mange pas assez en quantité ou en qualité afin de maintenir un poids santé, ou si les heures de repas sont une source de détresse pour votre enfant ou de stresse pour les autres membres de la famille, une consultation avec une ergothérapeute pédiatrique est une bonne idée.  C’est un bon endroit pour poser vos questions en ce qui concerne l’alimentation, pour obtenir des conseils et de l’information.  Votre enfant peut être évalué pour des difficultés d’alimentation et un plan de traitement individualisé sera mis en place pour votre enfant, au besoin.

À quoi ressemble une évaluation/traitement en ergothérapie ?

Lors de l’évaluation, des facteurs variés sont pris en considération, comme l’environnement de l’enfant, l’historique de l’alimentation chez l’enfant, coordination oral-motrice, le profile sensoriel, et des difficultés en ce qui concerne le comportement.

Des approches différentes peuvent être utilisées qui touchent les facteurs environnementaux (le positionnement de l’enfant, l’endroit où se prennent les repas) et comportementaux (structure de l’horaire, l’heure des repas, renforcement). En ce qui concerne des difficultés sensorielles, des approches thérapeutiques pour augmenter ou diminuer la  réactivité orale, ou les sens du goût et de l’odorat sont disponibles.  Pour les difficultés en lien avec la coordination oral-motrice, des techniques pour améliorer le contrôle moteur peuvent grandement bénéficier, ou régler des difficultés d’alimentation. Un programme pour la maison peut être donné aux parents qui sont motivés ou qui peuvent utiliser ces techniques à la maison entre les rendez-vous, ce qui conduit à des résultats plus rapides!